En politique, on fait souvent du neuf avec du vieux. Histoire de dire les mêmes choses, mais de façon plus acceptable, plus policée. À Marseille, ce dimanche, le Rassemblement national en a fait une éclatante démonstration. Adieu le “grand remplacement” qui sentait trop l’extrême droite crispée sur l’immigration. Désormais, il faut parler de “grand effacement”. Au fond, ce que nos dirigeants et l’Union Européenne ont provoqué main dans la main, c’est le grand effacement de la France.
Un grand effacement qui se traduit par le recul de la France chez elle, sur son propre sol mais également en Europe et dans le monde, par le délabrement de l’État, par la dislocation du pays et par-dessus tout par la désunion des Français. Et le grand effaceur a un nom : il s’appelle Emmanuel Macron.
Au fond, ce que nos dirigeants et l’Union Européenne ont provoqué main dans la main, c’est le grand effacement de la France. Un grand effacement qui se traduit par le recul de la France chez elle, sur son propre sol mais également en Europe et dans le monde, par le délabrement de l’État, par la dislocation du pays et par-dessus tout par la désunion des Français.
Jordan Bardella le 3/03/2024
Et le grand effaceur a un nom : il s’appelle Emmanuel Macron. L’avantage de ce tour de passe-passe sémantique, c’est qu’il permet aux dirigeants du RN de regrouper dans une même catégorie tous leurs adversaires : l’immigration, l’Europe et la gauche qui, pour le RN, est synonyme de wokisme. Cette dernière n’efface-t-elle pas, ne cancelle-t-elle pas tout ce qui a l’heur de lui déplaire ? C’est ce qu’on entend sur CNews, en tout cas.
Le grand effacement
Qu’importe la vérité ou même la vraisemblance dans cette construction. La trouvaille sémantique permet d’inaugurer un nouveau récit qui confine au complot. Une conjonction de forces disparates travaillerait à la disparition du pays.
Ils disent qu’ils veulent la transition écologique. Non, ce qu’ils veulent c’est un effacement anthropologique. Nous assistons à un phénomène irrésistible parce que naturel. Un phénomène tellurique contre lequel nos adversaires ne pourront lutter : le retour des peuples et des nations. A l’heure, mes chers amis, où notre pays est face à un choix électoral crucial où aux européennes du 9 juin il lui faudra choisir entre le retour et l’effacement.
Marine Le Pen le 3/03/2024
Mouvement tellurique contre effacement anthropologique. On a quitté les rivages de la politique pour le survivalisme façon Netflix. C’est peut-être le but recherché, d’ailleurs. La série The Walking Dead – que j’adore – parle davantage aux gens que les vieilles lunes de l’extrême droite. Qui ne s’est jamais imaginé découpant du zombie comme d’autres du sauciflard à l’heure l’apéro ? De là à en faire une ligne politique…
Dans l’entourage de Marine Le Pen, on soutient que la formule du “grand effacement” serait empruntée à Emmanuel Macron. Le président l’aurait employé lors d’un récent Conseil des ministres. Auquel cas nous serions en présence d’un exemple parfait de triangulation. Cette technique qui consiste à reprendre à son compte les arguments de l’adversaire pour les détourner de leur sens.
L’évocation de la guerre
À ce tableau apocalyptique, il ne manquait que l’évocation de la guerre. Marine Le Pen n’a pas oublié d’en convoquer le spectre.
Nous, citoyens d’un pays qui abondent l’idée de la grandeur pour en avoir fait l’expérience, avons de plus en plus le sentiment de marcher dans les gravas d’un système écroulé. Nous vivons une atmosphère de fin de règne. Un gouvernement de fantômes qui erre sans but et ne sait plus qu’invectiver l’opposition. Un président en état de siège, sifflé au Salon de l’agriculture, qui croit pouvoir trouver le salut politique dans des postures guerrières qui ont stupéfié les Français. Comment peut-on envisager de faire entrer son pays en guerre avec autant de désinvolture. Si vous aviez encore un brin d’espoir, vous voilà fixés.
Marine Le Pen le 3/03/2024
Ce coup de projecteur sur la fantasmagorie de l’extrême droite ne serait pas complet sans y inclure Éric Zemmour. Après tout, n’aspire-t-il pas à effacer Marine Le Pen, sinon à la remplacer ? Au micro de RTL, le grand blessé de la dernière présidentielle s’est employé à commenter le duel Macron Le Pen.
Cette opposition est de plus en plus factice parce qu’ils se ressemblent de plus en plus. Le “en même temps” macronien a coloré les positions de madame Le Pen. Madame Le Pen fait de plus en plus du “en même temps”. Elle dit tout et le contraire de tout. Alors parfois elle le fait toute seule, et puis parfois elle cède de son cher Jordan Bardella pour dire le contraire de ce qu’elle a dit et le contraire de ce qu’elle va dire le lendemain.
Éric Zemmour le 3/03/2024
Marine Le Pen qui se macronise… À moins que ce ne soit Macron qui se lepénise. Depuis le vote de la loi immigration, on sait que c’est possible. Mais il subsiste encore une différence. Une brindille. Les électeurs de l’un ne sont pas prêts à voter pour la liste de l’autre. Et réciproquement. Quant à voter pour Marion Maréchal, beaucoup préféreront aller prendre une bonne bière. Au comptoir.