
Contourner le Parlement semble être devenu une obsession pour François Bayrou. Voilà qu’il veut faire approuver un plan d’économies budgétaires par référendum. Il l’a déclaré dans le Journal du dimanche.
“Je présenterai un plan cohérent, avec des propositions claires, lisibles par tous. Il demandera des efforts. Et ces efforts ne seront acceptés que s’ils s’accompagnent d’une prise de conscience collective. Je ne m’adresse pas ici aux partis politiques. Ce que je vise, c’est l’adhésion des Français.”
L’ennui, c’est que la Constitution prévoit que seul le Président de la République peut convoquer un référendum. Visiblement, Emmanuel Macron n’était pas au courant de l’initiative de son Premier ministre. L’aurait-il été qu’on le voit mal applaudir à une initiative qui vient torpiller son annonce de la veille : l’organisation prochaine d’une convention sur les temps de l’enfant.
Je crois que là, la proposition qu’il fait me paraît relever de l’improvisation. D’ailleurs, j’ai compris que celui qui détient le pouvoir d’interroger les Français par référendum, le président de la République, l’a appris de la même manière que vous, par la presse.
Boris Vallaud, député Socialistes et apparentés et président du groupe Socialistes et apparentés à l’Assemblée nationale, le 05/05/2025
Bayrou ne peut rien faire sans le Parlement
A supposer que le Président de la République suive son Premier ministre dans l’organisation de cette consultation saugrenue, celle-ci se heurterait au Parlement. C’est à lui que la Constitution confie le soin de voter les projets de loi de finances. C’est l’article 47.
Il cherche juste à faire un coup politique, dont je ne suis pas sûr d’ailleurs que tout le monde en comprenne vraiment la signification. Si monsieur Bayrou veut être démocrate sur le budget, peut-être que la première étape serait de laisser les parlementaires voter.
Manuel Bompard, député LFI et coordinateur national LFI, le 04/05/2025
S’agit-il alors d’inscrire dans la Constitution une quelconque règle d’or à l’image de ce qu’ont décidé les Allemands en 2009 ? Outre-Rhin, le déficit structurel du budget ne peut dépasser 0,35 % du PIB. Si les Français le suivaient sur ce chemin escarpé, François Bayrou pourrait alors s’abriter derrière la Constitution pour imposer au Parlement un plan d’austérité. Mais là, on entre dans la politique fiction.