Le front républicain semble avoir fonctionné. Si l’on s’en rapporte aux différents sondages, le Rassemblement national ne devrait pas obtenir la majorité absolue sur laquelle il comptait. Mais on aurait tort de se réjouir. Car ce répit doit tout au mode de scrutin qui est le nôtre – le scrutin uninominal majoritaire à deux tours. Sans lui, pas de désistement, pas de barrage, pas de report.
L’extrême droite est en dynamique. Et si, dimanche, elle devait renoncer à s’installer à Matignon, sa progression ne s’arrêtera pas pour autant. Le front républicain est un cache-misère.
Éteindre la colère
La vraie question que posent ces législatives est celle-ci : comment répondre à la colère qui alimente la chaudière du Rassemblement national ? Comment réduire la fracture territoriale ? Davantage que les pactes divers que les uns et les autres se proposent de nouer dans la future Assemblée nationale, c’est bien d’un projet politique qui réconcilie et réunifie le pays dont nous avons besoin.
L’abandon d’une partie du pays
La gauche est forte dans les métropoles. Et faible dans le périurbain et la ruralité. Elle a abandonné des pans entiers du territoire au Rassemblement national. Comme s’il n’y avait plus rien à espérer de ceux qui y vivent.
C’était le credo de la fameuse note du think tank Terra Nova – proche du PS – qui théorisait en 2011 un nouveau compromis entre la petite bourgeoisie des centres-villes et les quartiers populaires.
Ironie de l’histoire, c’est la France insoumise qui a mis en œuvre ces recommandations au lieu du Parti socialiste. Cela lui a profité.
Reconquérir les territoires oubliés
Il n’en reste pas moins que cet abandon d’une partie du territoire et de sa population était stupide. Il a affaibli la gauche et laissé le champ libre au Rassemblement national.
François Ruffin, et c’est sans doute son crime, ne dit pas autre chose. La gauche doit reconquérir ces territoires. Sans abandonner les quartiers populaires ou les centres-villes. Parce que sa place naturelle est d’être aux côtés des plus fragiles et des plus déshérités.
C’est un travail de longue haleine. Mais il est essentiel. Car les digues et autres barrages n’empêcheront pas indéfiniment le Rassemblement national de prendre le pouvoir.
Serge Faubert