Le 26 mars, l’INSEE dévoilera le vrai chiffre du déficit public pour 2023. Et la soupe à la grimace s’annonce particulièrement amère. Selon le rapporteur de la commission des finances du Sénat, il devrait s’élever à 5,6 % au lieu des 4,9 % attendus. Qui va donc passer à la caisse ? Les Français, bien sûr. Pas par l’impôt, mais par la diminution de la dépense publique et donc des services publics et des prestations sociales.
A cœur même de la Macronie, des voix se font entendre pour mettre à contribution les entreprises du CAC 40. En 2023, celles-ci ont dégagé la bagatelle de 146 milliards de bénéfices. Pour que chacun ait les idées au clair, je rappelle que le gouvernement cherche à réaliser 50 milliards d’économies au cours des trois prochaines années. La surprise est venue de la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, pourtant élue sous l’étiquette Renaissance. C’est elle qui a émis cette suggestion aussi provocante qu’un steak frites au menu d’un banquet vegan.
Les recettes c’est regarder au niveau des profits des entreprises, ce sont les fameux superprofits, regarder les dividendes qu’elles versent, ce sont les super dividendes, regarder éventuellement la flat tax, regarder ce que l’on peut faire au niveau des rachats d’actions. C’est une discussion que nous devons avoir à l’Assemblée nationale avec les parlementaires, avec le gouvernement. Je dis simplement, et moi je m’arrêterai là, il faut simplement tout regarder, ne pas avoir de tabou, ne pas avoir de dogme.
Yaël Braun-Pivet le 25/03/2024
Emmanuel Macron assume sa stratégie
Au Pays basque où il s’escrimait sur son prochain livre, Bruno Le Maire a manqué de s’étrangler en les découvrant. Devant les caméras de BFM, il a envoyé bouler la présidente de l’Assemblée comme une vulgaire pelote roulant dans la chistera. Questionné sur le sujet le même jour à Bruxelles, Emmanuel Macron a rappelé la ligne de l’exécutif.
Des premiers choix ont été faits pour justement réduire les dépenses côté État. Il faudra qualifier la magnitude de l’ajustement qu’il faut faire et il faudra ensuite le compléter dans toutes les actions utiles de la dépense publique pour qu’on puisse faire face à ce choc conjoncturel. On a une stratégie cohérente et il y a un chemin sur celle-ci. C’est donc celle que le gouvernement aura à annoncer la semaine prochaine et il aura à s’exprimer, je ne vais pas présenter des solutions techniques d’un côté ou de l’autre.
Emmanuel Macron le 22/03/2024
Taxation des superprofits
L’opinion est favorable à une taxation des superprofits. C’est ce que nous apprend le sondage réalisé par Viavoice pour Libération. À 65 %, les Français se prononcent pour une taxation temporaire. Et puis il y a la concurrence du camp d’en face. La liste socialiste emmenée par Raphaël Glucksmann se montre à l’offensive sur la question. Juste ce qu’il faut pour séduire les électeurs macronistes déboussolés par le glissement à droite toute de Renaissance.
Nous, nous tiendrons tête à Total pour faire la transition écologique. Nous, nous tiendrons tête aux grandes banques qui ont imposé la régulation bancaire. Nous, nous tiendrons tête aux multimillionnaires et aux milliardaires pour qu’enfin ils paient le juste impôt. Nous, nous tiendrons tête à Airbnb pour encadrer les prix des loyers et pour mettre fin à l’augmentation sans fin de ces prix. Nous, nous tiendrons aux GAFAM pour défendre nos démocraties.
Raphaël Glucksmann le 24/03/2024
La discussion sur le budget interviendra après le scrutin européen. Et chacun le sait, les promesses n’engagent que ceux qui y croient. Il n’en reste pas moins vrai qu’une partie du bloc présidentiel considère qu’on ne pourra pas indéfiniment demander des économies aux Français sans que le CAC 40 mette la main à la poche. Plus que des résultats du 9 juin, il y va de la paix sociale. Mais Emmanuel Macron et Bruno Le Maire sont prisonniers de leur dogme libéral. Il serait bien étonnant qu’ils entendent les voix raisonnables qui viennent de leur propre camp.