Ce devait être un retour au macronisme des origines. Et qui mieux que Gabriel Attal pouvait l’incarner. Ne venait-il pas du Parti socialiste ? N’avait-il pas rejoint Emmanuel Macron dès avant son élection ? N’était-il pas, de par son âge, l’incarnation du nouveau monde ?
Huit ministres sur quatorze viennent de la droite
Mais l’arbre cachait la forêt. Derrière Gabriel Attal, il y a la forêt de droite. Pas moins de 8 ministres (Bruno Le Maire, Gérald Darmanin, Sébastien Lecornu, Christophe Béchu, Catherine Vautrin, Aurore Bergé, Rachida Dati et Marie Lebec) sur les 14 nommés jeudi, viennent des rangs de la droite. Contre un issu de la gauche (Stéphane Séjourné) – deux si l’on compte le Premier ministre.
La société civile ne compte plus que 4 représentants (Amélie Oudéa-Castéra, Éric Dupond-Moretti, Sylvie Retailleau et Prisca Thévenot).
Quant aux alliés, c’est le service minimum : Marc Fesneau pour le MoDem et Christophe Béchu pour Horizons, le parti d’Édouard Philippe.
Paris en 2026
Le calcul est transparent. En faisant entrer Rachida Dati au gouvernement, Emmanuel Macron – seul artisan de ce ralliement – espère bien faire tomber la capitale dans l’escarcelle du bloc présidentiel. Et surtout, empêcher Les Républicains de s’en emparer.
Renaissance, un parti de droite
Cette manœuvre vient confirmer ce que l’on subodorait depuis la réélection du chef de l’État. Le macronisme qui se voulait à l’intersection de la droite et de la gauche prétend aujourd’hui remplacer ladite droite. Pour ce faire, il faut donc la disloquer par des débauchages et lui emprunter son programme. Ainsi s’éclaire l’irruption dans le discours présidentiel du concept de réarmement, accommodé à toutes les sauces (industriel, économique, civique, moral…).
La politique gadget
Les Français seront-ils dupes ? Si la nomination de Gabriel Attal puis de Rachida Dati ont été des coups médiatiques réussis, il n’est pas certain que l’effet puisse occulter les préoccupations du moment : le pouvoir d’achat, la santé ou la sécurité. C’est la limite de cette opération survie du macronisme.
Serge Faubert