En début de semaine, le procureur de la Cour pénale internationale, Karim Khan, a demandé des mandats d’arrêt contre trois dirigeants du Hamas ainsi que le Premier ministre et le ministre de la défense israéliens. La réaction du ministère de l’Europe et des affaires étrangères, qui reste très factuelle, a réussi à mécontenter les insoumis et le Rassemblement national.
Nous saluons cette décision de la Cour pénale internationale, et nous trouvons d’autant plus dommageable que la réaction de la France soit aussi timide. Vous remarquerez que la France a mis 12 heures à réagir, puisque son communiqué date de 23h22 pour saluer timidement les réquisitions du procureur de la Cour pénale internationale quand par exemple notre voisin la Belgique a fait un communiqué d’une clarté bien plus forte dès 14h09.
Mathilde Panot, députée LFI et présidente du groupe parlementaire LFI, le 21/05/2024
Le poids des mots
Depuis le 7 octobre, Mathilde Panot devrait savoir qu’il vaut mieux prendre son temps pour rédiger un communiqué. Un mot en trop ou, à l’inverse, un mot absent et ce peut être le début d’un long chemin de croix. Du côté du RN, on reproche à la diplomatie française d’avoir apporté son soutien à des réquisitions qui renvoient dos-à-dos le Hamas et Israël.
On a un soutien à un arrêt de la Cour pénale internationale, réquisition, qui met sur le même plan un groupe terroriste, le Hamas, responsable de plus de 1200 morts le 7 octobre dernier, qui est le plus grand massacre de juifs depuis 1945. On met sur le même plan ce groupe terroriste avec le gouvernement d’un état démocratique. Ça pose véritablement question. On peut, encore une fois, critiquer le gouvernement, l’État d’Israël, mais de l’associer au Hamas c’est tout simplement indécent et c’est extrêmement lourd d’un point de vue historique.
Julien Odoul, député RN, le 21/05/2024
Côté références historiques, le RN devrait cultiver une certaine pudeur. On pourrait se souvenir qu’il y avait une belle brochette d’antisémites parmi les fondateurs du Front national. L’eau a peut-être coulé sous les ponts, mais quand même. Quoi qu’il en soit, mardi, lors des questions au gouvernement, Stéphane Séjourné a rectifié le tir tout en taclant la France insoumise.
Ces demandes simultanées de mandats d’arrêt ne doivent pas créer d’équivalence entre le Hamas et Israël. D’un côté vous avez un groupe terroriste qui s’est félicité des attentats du 7 octobre, qui les a revendiqués également de manège assumée, et de l’autre côté vous avez un état démocratique, Israël, qui doit respecter le droit international, dont la conduite d’une guerre qu’elle n’a pas déclenché elle-même.
Et puis peut-être le quatrième principe, puisque vous l’avez peut-être oublié celui-ci, c’est le principe de rigueur. Vous donnez des leçons de droit et de morale depuis des mois sur cette question. Si vous regardez les propos du procureur, il se tient à très grandes distances, madame la députée, de la notion de génocide que vous agitez politiquement à des fins politiques depuis maintenant des mois.
Stéphane Séjourné, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, le 21/05/2024
Reconnaissance de l’État de Palestine
Au fait, la reconnaissance de l’État de Palestine par la France, c’est pour quand ? Mercredi, trois pays, l’Espagne, l’Irlande et la Norvège, ont annoncé qu’ils reconnaissaient à leur tour l’État palestinien. Ce qui porte à 146 le nombre de pays s’étant prononcés en ce sens. La France s’honorerait en n’étant pas la dernière à accomplir ce geste diplomatique fort.