À droite, la guéguerre continue. Le chef de file des frondeurs, le député du Lot Aurélien Pradié, et son lieutenant, Pierre-Henri Dumont, député du Pas-de-Calais, se sont fendus d’une tribune dans Le Journal du Dimanche pour réclamer un référendum d’initiative partagée sur l’immigration. On s’en souvient, le gouvernement a renvoyé à l’automne, et peut-être à jamais, l’examen du projet de loi sur le sujet. Un projet de loi concocté par Gérald Darmanin et Olivier Dussopt.
Pradié et son compère font d’une pierre deux coups. Ils flinguent le gouvernement qu’ils accusent d’une « démission politique majeure » et prennent de vitesse Éric Ciotti, le président de leur propre parti. Celui-ci s’apprête en effet à déposer, au nom de son groupe, une proposition de loi sur le sujet. Le député des Alpes-Maritimes réclame par ailleurs un référendum. Aurélien Pradié veut une immigration haut-de-gamme.
« Immigration de travail choisie surqualifiée »
Concrètement, nous devons passer d’une immigration familiale subie sous-qualifiée à une immigration de travail choisie surqualifiée, par exemple en ne délivrant aucun titre de séjour pour motif économique si l’emploi occupé par l’étranger n’est pas payé deux ou trois fois le SMIC selon les branches.
Aurélien Pradié, député LR du Lot, Le Journal du Dimanche, 7 mai 2023
Au passage, le député du Lot n’oublie pas de faire un petit clin d’œil à Fabien Roussel, le secrétaire national du parti communiste.
Nous devons aussi avoir le courage de lutter contre la vision néocoloniale de la majorité présidentielle consistant à faire appel à de la main-d’œuvre étrangère à bas coût pour occuper les postes dont les demandeurs d’emploi nationaux ne voudraient pas.
Référendum d’initiative partagée
Aurélien Pradié sait très bien que sa proposition d’un référendum d’initiative partagée n’a aucune chance d’aboutir. La procédure est trop compliquée. Coïncidence, même la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, en convenait dimanche.
Le référendum d’initiative partagée vient d’être à nouveau rejeté par le Conseil constitutionnel. Il existe depuis 2008. Nous sommes en 2023, il n’a jamais réussi à être activé. Donc il faut faciliter l’usage de référendum en France, que ce soit un référendum d’initiative de l’exécutif ou un référendum d’initiative citoyenne.
Yaël Braun-Pivet, députée Renaissance des Yvelines et présidente de l’Assemblée nationale, CNews-Europe 1-Les Échos, 7 mai 2023
Constitutionnalité en doute
Au sein du parti Les Républicains, plutôt que de répondre sur le fond, on préfère mettre en doute la constitutionnalité de ce référendum.
Non, je ne peux pas être favorable à un RIP sur la question migratoire puisque c’est constitutionnellement impossible.
Gérard Larcher, sénateur LR des Yvelines et président du Sénat, RTL-LCI-Le Figaro, 7 mai 2023
À vrai dire, Aurélien Pradié se moque bien des questions juridiques. Il s’agit pour lui de doubler tout le monde en s’emparant d’un des principaux marqueurs de la droite. L’opération ne coûte pas cher, puisqu’il n’y aura jamais de référendum. Et elle peut rapporter gros en 2027. Contre une certaine Marine Le Pen, par exemple.