Un week-end de manif chasse l’autre. Ce dimanche 19 novembre, à l’appel de 500 personnalités du monde de la culture, plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées pour la paix au Proche-Orient, devant l’Institut du monde arabe. Les artistes et les créateurs s’engagent dans le débat.
Les acteurs, les chanteurs, les metteurs en scène, sont les propagateurs de politique. Tout est politique.
Macha Méril, actrice et écrivaine, 19 novembre 2023
Dans l’appel publié dans Télérama, lundi 13 novembre, les initiateurs de la manifestation dénoncent l’injonction, depuis le 7 octobre, de choisir un camp. Ils veulent au contraire faire entendre la voix de l’union entre les citoyens juifs, musulmans, chrétiens, athées et agnostiques. Une démarche concrétisée par l’absence totale de slogans et d’inscription sur l’unique banderole de la manifestation.
Inoxydable Jack Lang
Si j’étais en Israël, si j’étais à Gaza, qu’est-ce que je voudrais si j’avais un vœu à faire ? C’est avoir la paix. C’est juste avoir la paix. Pouvoir dormir, les enfants, ma famille, dormir en paix. Que ce soit d’un côté ou de l’autre. Donc nous on attise, en prenant parti, on attise une violence que eux, sur le terrain, ne veulent plus.
Nadia Farès, actrice, 19 novembre 2023
Devant l’Institut du monde arabe, son président, l’inoxydable Jack Lang, s’est félicité de l’événement.
Je suis heureux que ce dimanche-ci, nous puissions être rassemblés, les artistes, les créateurs, ensemble. Et puis il y aura d’autres événements. Vous me direz : « Dimanche prochain, il eut fallu. » Non, il faut agir jour après jour.
Jack Lang, président de l’Institut du monde arabe et ancien ministre, 19 novembre 2023
« Ouvrir des espaces de lumière dans l’obscurité »
D’autres figures politiques plus contemporaines étaient également présentes. La sénatrice socialiste Laurence Rossignol, son collègue David Assouline casquette vissée sur le crâne et le député socialiste Jérôme Guedj. Et puis il y avait également la ministre de la Culture.
Dans notre histoire et dans notre présent, je trouve toujours que le rôle des artistes a été d’ouvrir des espaces de lumière dans l’obscurité et de nous amener à réfléchir, de nous relier avec des émotions communes, de nous amener à retrouver ce qui nous unit plutôt que ce qui nous divise. Et je pense que la voix des artistes est très forte pour ça. Moi je compte sur eux pour ça, et je compte sur eux aussi pour, dans les semaines, les mois qui viennent, agir concrètement via des expositions qu’on est en train d’organiser, via des projections de films via des textes, via des outils pédagogiques en soutien aux enseignants. Il y a mille manières d’agir concrètement aussi au-delà de cette marche.
Rima Abdul Malak, ministre de la Culture, 19 novembre 2023
Côté people
Le cortège, auquel appelait également le Parti socialiste, le Parti communiste français et Europe Écologie-Les Verts, s’est élancé vers 15 heures. Au premier rang, tout de blanc vêtu, Isabelle Adjani, copieusement mitraillée par les photographes. Débonnaire, le cortège a mis à peine une heure pour rallier le Musée d’art et d’histoire du judaïsme, terme de la manifestation.
C’est une marche silencieuse, respectueuse, pacifique, initiée par Lubna Azabal, par le monde des artistes, pour un peu d’humanité, de bienveillance, pacifique et appeler à la paix.
Julie Gayet, actrice, productrice et réalisatrice, 19 novembre 2023
La préfecture de police a dénombré 3 600 manifestants. Le côté people de cette marche pourra faire grincer des dents. Mais en aurait-on parlé si cela n’avait pas été le cas ? Et peut-on sérieusement faire grief au monde de la culture de s’engager en faveur de la paix plutôt que d’épouser le point de vue d’un camp ?