Si le Nouveau Front Populaire veut accéder aux responsabilités, il a intérêt à accélérer. Car chaque heure qui passe accentue l’idée dans l’opinion que cette coalition des partis de gauche est factice.
En étant capable, en quelques jours, de rédiger un nouveau programme – sur la base du programme de la Nupes, lui-même issu de l’Avenir en commun – le NFP avait rassuré les Français. Il y avait donc encore une alternative à gauche. Au regard des déchirements des derniers mois, ce n’était pas acquis.
Atermoiements
Mais les atermoiements de ces derniers jours sont en train de ruiner ce crédit. Les fractures réapparaissent derrière les veto successifs qui frappent les candidats à la primature. Pour faire simple, LFI ne veut pas d’autre Premier ministre qu’un insoumis. Et les autres forces sont ouvertes à toutes les solutions sauf à l’entrée d’un insoumis à Matignon.
Ce qui se joue n’est pas une simple guerre de chapelles. Les analyses divergent sur la séquence. Les socialistes sont parfaitement conscients qu’il faudra élargir le socle du Nouveau Front Populaire. Et donc accepter que d’anciennes figures macronistes les rejoignent.
Élargir le socle du NFP
Si ce ralliement s’opère sur l’acceptation du programme du NFP – ce qui est la position d’Olivier Faure – il n’y a pas vraiment d’obstacle. Mais du côté des insoumis, on redoute que l’arrivée de transfuges ne se traduise par une édulcoration des mesures qui cimentent la coalition électorale. Bref, ce serait faire entrer le loup dans la bergerie.
Le pari du chaos institutionnel
Au-delà, l’analyse diverge sur la pérennité d’un gouvernement Nouveau Front Populaire. Jean-Luc Mélenchon ne croit pas un instant que celui-ci survive indéfiniment aux différentes motions de censure qui viendront le contrer. D’autres attelages, de droite ou du centre, prendront la relève. Et connaîtront le même sort par voie de rétorsion. Dans ce scénario, la France est promise à l’ingouvernabilité, quoi qu’il arrive.
Le chef de file des insoumis estime qu’Emmanuel Macron sera obligé de jeter l’éponge à force de voir les gouvernements être renversés les uns après les autres. Jean-Luc Mélenchon parie sur un chaos institutionnel qui conduirait à une élection présidentielle anticipée. Élection à laquelle il compte bien se présenter.
Le RN mise également sur la conflictualité
Marine Le Pen tient à peu près le même raisonnement. Elle aussi souhaite anticiper l’échéance présidentielle, ne serait-ce que pour éviter que Jordan Bardella vienne lui faire de l’ombre. Elle a donc tout intérêt à torpiller les alliances et autres coalitions qui viendraient à se former.
L’incarnation du consensus enfin trouvée ?
Pour échapper à cette tenaille de la conflictualité, les socialistes, les écologistes et les communistes entendent jouer la carte de la réconciliation du pays avec lui-même. D’où la recherche d’une candidature de compromis pour la primature. Compromis entre les partenaires, mais surtout compromis avec les Français.
La candidature d’Huguette Bello, la présidente de la région Réunion, pourrait répondre à cette volonté d’apaisement sans reniement aucun. Son parcours est à même de lever les réticences des différentes familles du NFP. Et de rassurer, au-delà, tous les républicains. Le Nouveau Front Populaire tiendrait-il enfin son nouveau Léon Blum ?
Serge Faubert