Emmanuel Macron s’apprête à nous rejouer le numéro qui fit sa victoire : moi ou les fachos. Une représentation déjà donnée en 2017 et 2022. Ce sont Le Parisien et La Tribune, dans leurs éditions du dimanche qui nous l’apprennent : le chef de l’État envisagerait de débattre avec Marine Le Pen dans le cadre de la campagne des européennes. Après ou avant le débat du 23 mai entre Jordan Bardella et Gabriel Attal. Il y aurait ainsi le débat des grandes personnes et celui des enfants. Les choses ne sont toutefois pas arrêtées.
Au Parisien, Marine Le Pen a d’abord affirmé qu’elle était prête à débattre avant le 9 juin. Dans une déclaration, ce lundi matin, elle se ravise, préférant un rendez-vous en septembre. Quoi qu’il en soit, on remarquera que la tête de liste Renaissance, Valérie Hayer, est priée de rester chez elle à faire du macramé. Aimable façon de la réduire au rôle de potiche. Mais en bon petit soldat, elle encaisse.
C’est au président de la République de décider des modalités avec lesquelles il s’impliquera dans cette élection.
Valérie Hayer le 13/05/2024
Rejet du macronisme
Seconde observation : ni Gabriel Attal, ni Emmanuel Macron ne sont candidats aux européennes. Alors, pourquoi organiser un débat entre l’exécutif et l’extrême droite avant le scrutin ? L’objectif est simple : Emmanuel Macron veut dramatiser l’élection. Dans un premier mouvement, Marine Le Pen a accepté de lui donner la réplique, espérant redonner un coup de lustre à sa stature présidentielle et rappeler au passage à Jordan Bardella qu’elle reste la patronne. Mais la candidate de 2022 s’est apparemment rendue compte que le chef de l’État avait davantage à gagner dans l’affaire qu’elle-même. Du coup, rétropédalage.
Cette volonté de l’exécutif de ramener le débat des européennes à un choix entre la République et un projet illibéral trahit sa faiblesse. C’est l’argument de la dernière chance. Et rien ne dit qu’il fonctionne encore. Le rejet du macronisme est tel qu’une partie du pays est prête à s’accommoder de n’importe quelle solution de remplacement. Fût-elle pire que la précédente.