Donald Trump se rêve en prix Nobel de la paix. De fait, il a réussi à imposer un cessez-le-feu à Benyamin Nétanyahou qui semble tenir. Et si un premier sommet avec Poutine en Alaska n’a rien donné, le président américain ne désespère pas qu’une prochaine rencontre avec son homologue russe – prévue dans une quinzaine de jours à Budapest – débouche sur des négociations.
Le jardin des États-Unis
Mais ce portrait de pacificateur vient brusquement de s’obscurcir. Considérant que l’Amérique latine reste le jardin des États-Unis, Donald Trump envisage d’intervenir au Venezuela.
Depuis deux mois, les incidents se multiplient. Six petits bateaux ont été détruits par la marine américaine au large des côtes vénézuéliennes. La dernière frappe remonte au 16 octobre. Selon les autorités américaines, ces embarcations appartenaient à des narcotrafiquants.
La CIA à la manœuvre
Des milliers de Marines sont déjà prépositionnés à Porto Rico tandis qu’une importante flotte, comportant notamment des barges d’assaut amphibies, croise au large.
Plus inquiétant encore, le président américain a reconnu, il y a deux jours, avoir donné l’autorisation à la CIA d’opérer clandestinement sur le sol vénézuélien. L’objectif étant bien évidemment de renverser le régime détestable de Nicolas Maduro.
Un simulacre de démocratie
Il y a longtemps que le Venezuela a cessé d’être une démocratie. Les dernières élections ne sont que des simulacres de consultation. Et les opposants sont emprisonnés quand ils ne sont pas tués.
Maria Corina Machado, la principale figure de la contestation, vit dans la clandestinité. Et le prix Nobel de la paix qui vient de lui être décerné n’a rien changé, pour l’instant, à sa situation.
La rente pétrolière
L’économie est en berne. La rente pétrolière – le pays dispose des plus importantes réserves du monde – n’a jamais été mise à profit pour développer une industrie et hisser le pays parmi les locomotives du continent sud-américain. Hugo Chavez, le prédécesseur de Maduro, avait eu, au moins, le souci de redistribuer cette manne financière vers les secteurs les plus pauvres de la population. Aujourd’hui, elle est captée par la corruption.
Retour aux années 1970
Que ce régime soit devenu insupportable n’autorise pas les États-Unis à renouer avec les pratiques qui furent les leurs dans les années 1970. Comme au Chili où le rôle de la CIA dans le coup d’État contre le président démocratiquement élu, Salvador Allende, fut déterminant.
Les exemples afghan et irakien l’ont rappelé, la destitution militaire des despotes ne débouche jamais sur le bonheur des peuples qui vivaient sous la botte.
Main basse sur le pétrole et l’or
L’intervention qui se prépare se fera sans doute au nom de la démocratie et de la lutte contre le narcotrafic. On trouvera bien une marionnette d’extrême droite à placer à la tête du pays pourvu qu’il laisse les compagnies américaines extraire le pétrole et l’or du sous-sol. Le nouvel ordre mondial ressemble de plus en plus à l’ancien. Celui des impérialismes et de la guerre. Il est dommage qu’en France, personne ne regarde de ce côté-là de l’Atlantique.
Serge Faubert