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Dissolution : le grand retour de la NUPES ?

Conférence de presse de la France insoumise à Paris, le 9/06/2024 ©PurePolitique

Le ministre en sursis Stéphane Séjourné n’est pas un orateur né, c’est entendu. Mais on avait presque pitié de lui, ce matin, en l’entendant décliner un narratif laborieux sur les raisons de cette dissolution.

Pour lever des blocages, on a vécu des dissolutions de confort, ce n’est pas une dissolution de confort. Aujourd’hui, le schéma électoral français montre que 40 % des électeurs qui se sont déplacés ont choisi une liste d’extrême droite. La majorité est relative au Parlement, à l’Assemblée nationale. Encore une fois, la NUPES a créé des conditions de la “bordélisation” de cette Assemblée.

Stéphane Séjourné, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, le 10/06/2024

C’est formidable. Le RN fait deux fois le score de la liste Renaissance, mais tout ça, c’est de la faute de la France insoumise. Attention aux entorses cérébrales. Du côté de LFI, justement, c’est François Ruffin qui le premier a sonné le tocsin.

François Ruffin monte au front

On a un taré à la tête de l’État. C’est un pyromane de la République. Moi ça ne me fait pas peur de remettre mon mandant en jeu. Il n’y a pas de souci on va y retourner. Mais là ce qui va se passer c’est que qu’est ce qu’il reste face au Rassemblement national ? Les macronistes vont se prendre une deuxième raclée, c’est tout.

Donc il ne nous reste que la gauche. Il ne reste que la gauche pour pouvoir faire front au Rassemblement national. Je le dis dans ce moment, je le dis avec gravité, avec responsabilité : il nous faut une gauche unie. Il faut arrêter les conneries. C’est le seul moyen aujourd’hui de faire front au Rassemblement national. J’en appelle dès ce soir Marine Tondelier, Olivier Faure, Fabien Roussel et Manuel Bompard pour qu’on se range derrière une barrière commune, une barrière front populaire. Parce qu’on l’a vu dans l’histoire de notre pays, on est capables d’un sursaut.

François Ruffin, ancien député LFI, le 9/06/2024

Un Front populaire. Comme en 1936. Après les émeutes de février 1934. Les ligues fascistes avaient marché sur l’Assemblée au prix de plusieurs morts. La gauche alors divisée, s’était retrouvée. Mais cette fois, il s’agit de construire en trois jours ce qui a pris deux ans à l’époque. Hier soir, du côté de la France insoumise, on insistait sur la nécessité de parvenir à un accord qui ne soit pas simplement circonstanciel.

Quelle France voulons-nous ? C’est cela la question qui est posée. La nouvelle France doit se dresser, et si elle ne le fait pas, alors elle aura le sort qu’elle mérite car les peuples ont les dirigeants qu’ils méritent dès lors qu’ils ont la possibilité de les choisir et qu’ils les choisissent n’importe comment. Nous avons gagné le premier tour de l’élection législative de 2022. Nous pouvons le gagner de nouveau.

Jean-Luc Mélenchon, co-président de l’Institut La Boétie, le 9/06/2024

Moi ce que je souhaite c’est qu’on ne reparte pas, qu’on ne réduise pas les élections législatives qui vont arriver du 30 juin prochain, à une espèce de petite tambouille de “je te donne ce poste en échange de ce poste”.

Manon Aubry, députée européenne LFI, le 9/06/2024

Pourquoi des partis politiques auraient signé il y a deux ans un programme qui a permis d’être en tête de l’élection législative et qu’aujourd’hui nous ne voudrions pas le défendre ? On a un programme. La dernière fois on avait des candidats qui le portaient en commun. On avait un candidat au poste de Premier ministre. Nous étions prêts à gouverner le pays. Si nous n’y sommes pas arrivés c’est parce qu’il a manqué une mobilisation populaire.

Antoine Léaument, ancien député LFI, le 9/06/2024

Le rassemblement à gauche est possible

Ce matin, Olivier Faure voulait croire lui aussi à la possibilité d’un accord.

Nous devons nous accorder sur 10, 15 priorités. Vous voyez bien que en deux ans on ne forge pas une politique qui permette de tout entreprendre. Donc il faut établir des priorités. Est-ce que nous sommes capables de nous mettre d’accord sur ces priorités ? Est-ce que nous sommes capables d’avoir les points qui permettent de faire accord entre nous ? Moi je crois que oui.

Olivier Faure, ancien député PS et Premier secrétaire du PS, le 10/06/2024

Reste un problème : hier soir, l’addition des voix de gauche ne dépasse pas les 32 %. Comment passer la barre des 50 % ? C’est la question pertinente posée par Fabien Roussel.

La NUPES n’existe plus. En revanche, il y a une situation nouvelle aujourd’hui qui est donnée avec cette dissolution, et avec quand même une colère qui est forte dans notre pays à laquelle il faut apporter des réponses. Le Parti communiste, s’il venait avec son programme, il n’apporterait pas les réponses, il n’a pas les réponses tout seul. La République aujourd’hui est menacée. Je pense que le rassemblement que nous devons construire ça doit aller au-delà de la NUPES. Il faut réussir à rassembler des hommes, des femmes, des forces politiques, des forces sociales, impliquer largement les hommes et les femmes de progrès.

Fabien Roussel, ancien député PCF et Secrétaire national du PCF

Le Rassemblement national crie déjà victoire

Dans le camp d’en face, on ne s’est pas privé de présenter la dissolution de l’Assemblée nationale comme une première victoire.

Le président de la République, répondant à l’appel de Jordan Bardella, vient d’annoncer la dissolution de l’Assemblée nationale et donc le retour du peuple français dans quelques semaines. Je ne peux que saluer cette décision qui s’inscrit dans la logique des institutions de la 5e République. Nous y sommes prêts. Après les élections législatives de 2022 qui avaient permis de désigner le Rassemblement national comme le principal opposant parlementaire, ces élections européennes consacrent notre mouvement comme la grande force d’alternance pour la France.

Marine Le Pen, ancienne députée RN et ancienne présidente du groupe RN à l’Assemblée nationale, le 9/06/2024

Mais au fait, à quoi va s’occuper Marine Le Pen si Jordan Bardella prend ses quartiers à Matignon ? La question a été posée ce matin à Sébastien Chenu.

Marine Le Pen va se préparer pour devenir présidente de la République. Vous savez qu’elle est le stratège, quelque part, de toute cette organisation, de ce que nous faisons depuis les présidentielles de 2022. Marine Le Pen aura beaucoup de pain sur la planche. Elle sera probablement la vigie de cette majorité. Elle sera probablement comme elle est aujourd’hui, la conscience, j’allais dire la conscience sociale de cette majorité.

Sébastien Chenu, ancien député RN, le 10/06/2024

Marine Le Pen va donc devenir la vigie du Rassemblement national. Il serait étonnant qu’elle accepte longtemps ce rôle. Certes, elle adore les chats, mais on la voit mal passer ses journées à distribuer des croquettes en attendant un hypothétique appel de Jordan Bardella. N’en déplaise à Sébastien Chenu, la Marine se voit davantage dans le rôle du grand timonier.

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