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De la liberté d’informer

Ainsi, la France insoumise a refusé d’accréditer Olivier Pérou, journaliste au Monde, pour suivre les travaux de son université d’été, les Amfis.

Le coauteur avec Charlotte Belaïch, journaliste à Libération, du livre enquête « La Meute » consacré au mouvement de Jean-Luc Mélenchon a été prié de rester chez lui et son journal a été invité à choisir un autre reporter. Ce que le quotidien a refusé.

Protestations de la profession

En solidarité, Libération a rappelé son envoyé spécial et plusieurs sociétés de journalistes ont signé un communiqué commun pour dénoncer ce refus d’accréditation.

Dans un communiqué, LFI a justifié ainsi sa décision : « Les principes qui régissent la liberté d’information sont assortis de règles déontologiques (respect du contradictoire, protection de la vie privée, rigueur, sources multiples). Celles-ci ont été largement bafouées dans La Meute. »

Amis ou ennemis

C’est une tentation permanente des partis politiques que de vouloir choisir les journalistes qui les suivent.

Pourquoi s’encombrer de regards critiques quand on peut sélectionner des profils plus compréhensifs ou tout simplement sympathisants ?

Ce fut longtemps le cas avec l’extrême droite, quand le RN s’appelait encore le FN. C’est parfois le cas, encore, avec le pouvoir du moment et ses relais partisans – l’auteur de ces lignes a été souvent interdit d’accès par les uns et par les autres (Ah désolé, il n’y a plus de place. Vous comprenez, la sécurité, etc.).

Mais qu’un mouvement prétendant construire une société de justice et de liberté recoure à cette pratique du tri entre journalistes amis et journalistes ennemis interpelle doublement.

Une conquête républicaine

D’abord, faut-il le rappeler, parce que la liberté de la presse ne se divise pas. C’est une conquête républicaine inscrite dans la loi du 29 juillet 1881. Faut-il en conclure que la France insoumise ne fait pas sienne cette avancée démocratique ?

Ensuite, que deviendrait la liberté d’informer si jamais Jean-Luc Mélenchon entrait un jour à l’Élysée ? Faudrait-il redouter des interdictions ? Des représailles ?

Déontologie

La France insoumise invoque la déontologie. En France, c’est la justice qui dit si les règles ont été respectées. Une abondante jurisprudence balise aujourd’hui l’exercice de la profession.

Ce sera aux magistrats, le cas échéant, de déterminer si les auteurs de La Meute ont franchi les limites fixées par la loi. Il ne tient qu’à la France insoumise d’engager des poursuites. Elle en a toute latitude en tant que personne morale.

Un signe de faiblesse

Cette réaction épidermique du mouvement de Jean-Luc Mélenchon traduit surtout un repli croissant. La France insoumise semble se complaire dans la posture de la forteresse assiégée. Le gain politique qu’elle espère en retirer reste bien mystérieux. Si un livre peut la faire trembler, comment affronterait-elle demain l’épreuve du pouvoir ?

Serge Faubert

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