Ce week-end, l’Assemblée nationale fait relâche. Pourtant les députés ont pris beaucoup de retard dans l’examen du projet de loi de finances. Ce lundi 17 novembre, ils devaient voter le volet recettes du budget. Mais il reste encore 1 527 amendements à examiner. Et il leur faudra ensuite se pencher sur les dépenses. Deux jours de travail législatif supplémentaires n’auraient donc pas été de trop.
Départ imminent pour le Sénat
De toute façon, que le budget soit voté ou non, le 23 novembre à minuit, le projet de loi de finances partira pour le Sénat comme le prévoit l’article 47-1 de la Constitution.
Il est maintenant quasi certain que les députés ne pourront pas se prononcer sur l’ensemble du texte, faute d’avoir pu l’étudier jusqu’au bout. Et même un vote sur le seul volet des recettes apparaît peu probable.
À qui la faute ? Vendredi, Mathilde Panot et Cyrielle Chatelain, les patronnes des groupes insoumis et écologistes, ont pointé du doigt l’exécutif. Elles n’ont pas tort.
Personne ne veut voter pour le budget
En l’état, aussi fou que cela paraisse, aucun groupe parlementaire n’envisage de voter en faveur du budget. Pas même les macronistes, remontés comme des pendules contre le gouvernement depuis la suspension de la réforme des retraites.
Éviter le vote
S’il veut survivre encore quelques semaines, Sébastien Lecornu doit laisser les députés se mettre hors délai. Et dans cette course de lenteur, il a des alliés : le bloc central, bien sûr ; les socialistes qui ne veulent pas se retrouver accusés de soutenir le gouvernement ; la Droite républicaine de Laurent Wauquiez qui n’aurait d’autre choix que de voter contre, tant les recettes fiscales ont augmenté (environ 40 milliards d’euros à ce stade), ce qui signerait le glas du socle commun.
À vrai dire, il ne reste que les groupes qui veulent renverser le gouvernement pour réclamer que l’on pousse les feux. La France insoumise et le Rassemblement national.
Ces deux forces jouent une autre partition : accélérer la crise et provoquer une nouvelle dissolution. Jean-Luc Mélenchon estime que la question de la démission du président de la République se posera enfin tandis que Marine Le Pen envisage désormais une union des droites autour du Rassemblement national qui pourrait devenir majoritaire – ou presque – au Palais Bourbon.
Naufrage en vue
Le Parlement a jusqu’au 23 décembre pour adopter ou rejeter le budget. D’ici là, il y aura le massacre à la tronçonneuse du Sénat, la Commission mixte paritaire dont on voit mal comment elle pourrait être conclusive et sans doute une nouvelle navette entre l’Assemblée et le Sénat.
Bref, le naufrage n’est pas loin. Une tragi-comédie qui lasse une opinion écrasée par la valse des milliards. Et qui n’a aucun secours à espérer d’un président démonétisé comme jamais. Tout va très bien, Madame la Marquise…
Serge Faubert