Samedi 5 novembre s’est tenu le 18e congrès du Rassemblement national. Sans grande surprise, les instances ont élu Jordan Bardella président du parti. Le coup de théâtre vient de l’éviction de deux figures majeures lepénistes : Steeve Briois et Bruno Bilde. Récit de cette journée.
Samedi 5 novembre, le RN tenait son 18e congrès depuis la fondation du Front national. Marine Le Pen cède définitivement sa place à Jordan Bardella. Mais elle ne part en retraite pour autant. « Je ne quitte pas la présidence de notre mouvement pour partir en vacances. Je reste plus que jamais mobilisée. Il va de soi que je serai où le pays et la cause nationale auront besoin de moi. » L’ancienne candidate à la présidentielle entend donc l’être à nouveau en 2027. Et ce n’est pas Jordan Bardella du haut de ses 27 ans qui pourra lui disputer ce privilège.
Guerre entre Bardella et Briois
Un gros couac a marqué le congrès du RN : l’éviction de Steeve Briois, le maire d’Hénin-Beaumont. Bien qu’il soit arrivé en quatrième position lors de l’élection des 100 membres du conseil national, ce mariniste convaincu n’a pas été retenu par Jordan Bardella pour faire partie du bureau exécutif, l’instance suprême du RN. Et avec lui, le député Bruno Bilde, le second artisan du virage social du mouvement lepéniste. Steeve Briois l’a mal pris. En réponse, il s’est fendu d’un communiqué au vitriol :
Je ne peux qu’y voir un rabougrissement, et j’espère que le Rassemblement national n’est pas en train de céder au grand compromis nationale, cette stratégie d’union des droits radicales, qui a échoué à la présidentielle, plutôt que de l’ensemble des patriotes de droite comme de gauche.
Le lendemain, dimanche 6 novembre, sur BFM, Sébastien Chenu soutenait qu’il s’agissait juste d’une incompatibilité de caractères. Il n’y aurait pas de divergences :
Steeve Briois et Bruno Bilde ne sont pas d’accord, ne s’entendent pas avec Jordan Bardella et n’ont pas envie de travailler avec lui. Je pense que les inquiétudes de Steeve sont totalement injustifiées. Je suis navré de voir, mais l’histoire n’est pas finie je pense que tout ça s’améliorera, qu’il ne participe pas à l’aventure.
Steeve Briois aurait en effet traité Bardella de « petit con » voici un an. Depuis c’est la guerre.
Une ligne plus radicale
Pour ce qui est de changer la ligne du parti, Marine Le Pen a fermé la porte. Pas question d’envisager une quelconque union des droites comme le fit Éric Zemmour avant de disparaître des écrans.
Entre nous et la droite d’argent chacun le sait aujourd’hui, il n’y a pas une différence de degré mais une différence de nature. Nous ne sommes pas un peu plus que la droite ou à la droite de la droite. Nous sommes ailleurs que la droite.
Mais samedi, plusieurs cadres du RN ont remarqué dans le discours de Jordan Bardella des emprunts à la rhétorique identitaire. Ce dernier a d’ailleurs fait sienne la théorie du grand remplacement.
La France, mes amis, c’est un grand récit que nous devons réinvestir pour en tirer la puissance du projet collectif. Nous devons nous rappeler que nous sommes, qui nous sommes, pour savoir où nous voulons aller et où nous voulons mener la France au 21e siècle. La France est ce feu sacré que nous avons tous dans le coeur, que probablement on nous jalouse de par le monde mais qu’on ne pourra jamais nous retirer. La France c’est la somme des gens que l’on a aimé et que l’on aime. Et personne d’autre ne la défendra à notre place.
Simple opération de drague en direction d’un électorat zemmouriste en déshérence ? Ou bien amorce d’un recentrage ? La banalisation du mouvement pourrait bien en prendre un coup. Ce sera à vérifier dans les mois qui viennent.