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Bétharram : l’heure de vérité pour François Bayrou

C’est mercredi 14 mai que François Bayrou sera auditionné par la commission d’enquête parlementaire qui s’est constituée dans le sillage des révélations sur Bétharram.

Le Premier ministre n’a cessé d’évoluer dans ses déclarations sur la connaissance qu’il avait des agissements qui se sont déroulés dans cet établissement d’enseignement privé catholique.

Il a d’abord affirmé devant la représentation nationale n’être au courant de rien. Puis il a concédé qu’un unique fait de violence lui avait été rapporté.

Mais deux témoignages sont venus ruiner cette ligne de défense. Christian Mirande, le juge qui instruisait une plainte pour viol contre le religieux qui dirigeait Bétharram, a révélé qu’il aurait eu un échange en 1998, avec François Bayrou, à ce propos. La conversation aurait duré plusieurs heures. François Bayrou se serait montré inquiet car un de ses fils était encore scolarisé dans l’établissement.

Ce témoignage, l’ancien magistrat l’a répété en visioconférence devant la Commission d’enquête.

Jeudi, un ancien gendarme chargé d’enquêter sur la plainte pour viol, Alain Hontangs, a déclaré devant la commission d’enquête que le magistrat instructeur lui avait fait part, à l’époque, d’une intervention de l’actuel Premier ministre.

Le juge Christian Mirande affirme ne pas s’en souvenir, mais estime néanmoins le témoignage de l’enquêteur crédible.

Vendredi, en marge d’un déplacement à Coulommiers, le Premier ministre a démenti toute intervention. « Les juges et les gendarmes, vous savez, ça se trompe comme les autres » a-t-il déclaré aux journalistes qui l’interrogeaient.

Alors que savait vraiment François Bayrou ? Le flou de sa ligne de défense l’expose à la suspicion. Son rôle politique dans la région – président de la communauté d’agglomération et maire de Pau depuis 2014, ancien président du conseil général des Pyrénées-Atlantiques – laisse sceptique quant à son ignorance des faits. Comment le plus puissant notable du coin n’aurait-il pas été alerté à un moment ou à un autre sur les agissements qui avaient cours dans l’établissement scolaire ? Établissement dans lequel son épouse enseignait le catéchisme et où étaient scolarisés ses enfants.

François Bayrou a-t-il sacrifié à l’omerta qui entourait Bétharram ? Maison de redressement pour les gamins jugés rebelles, l’institution accueillait aussi les rejetons de la bonne société locale. Cers derniers avaient la chance de rentrer chez eux, le soir, ce qui les préservait des violences et des actes pédophiles.

Le 14 mai, c’est un Premier ministre affaibli politiquement qui comparaîtra devant les députés. Au plus bas dans les sondages, en panne de réformes qui pourraient remobiliser son propre camp politique, François Bayrou ne pourra pas prendre de haut ceux qui l’interrogeront. Sauf à vouloir hâter sa chute. La question n’est plus désormais celle de son départ, mais la date de celui-ci.

Serge Faubert

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