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Assemblée nationale : les sanctions pleuvent

Ce mardi 11 octobre, la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, n’a pas hésité à sortir les cartons rouge pendant la séance des questions au gouvernement. Deux députés ont été sanctionnés, le Rassemblement national a quitté l’hémicycle. Retour sur une après-midi mouvementée.

On pourra dire qu’il régnait une atmosphère des plus tendues en cette journée du 11 octobre 2022 lors de la séance hebdomadaire des questions au gouvernement. Après l’annonce d’Elisabeth Borne de la réquisition des salariés des raffineries pour tenter d’endiguer les pénuries d’essence, dans une ambiance de défiance sur le possible recours à l’article 49-3 sur la proposition de loi de programmation budgétaire, voilà que les députés perdent leurs nerfs et se donnent des noms d’oiseaux.

Loubet versus Le Maire

Ça commence d’abord par incident sérieux opposant le Rassemblement National et Bruno Le Maire. Tout est parti d’une question du député Alexandre Loubet. Ce jeune parlementaire lepéniste a accusé le ministre de l’Économie et des finances de brader les fleurons de l’industrie nationale à l’étranger.

Monsieur Le Maire, ma question est simple : quand cesserez-vous de trahir les intérêts de la France ? Vous avez travaillé, il fut un temps, pour Dominique de Villepin, qui avait dénoncé la lâcheté de ceux qui refusent de défendre les intérêts de la France. Aujourd’hui, le lâche c’est vous.

Bruno Le Maire se raidit sous l’insulte :

J’ai l’honneur de demander des excuses solennelles au Rassemblement National pour avoir employé le terme de “lâche” à une personne qui a toujours fait preuve de courage.

Puis il pointe du doigt le député du RN. Furieuse, Marine Le Pen quitte l’hémicycle avec son groupe, non sans échanger quelques amabilités avec le ministre.

Venue parler devant les journalistes, elle étrille Bruno Le Maire :

Le ministre de l’Économie a cru pouvoir menacer les députés du Rassemblement National. Nous n’avons pas à nous faire pointer du doigt en hémicycle par un ministre. Il va falloir un petit peu qu’il relise la Constitution, qu’il relise nos institutions, cette situation est proprement inadmissible.

La sanction tombe : le député Alexandre Loubet est sanctionné d’un rappel à l’ordre inscrit au procès-verbal, le privant d’un quart de son indemnité pendant un mois. Comme l’insoumise Danièle Obono, la semaine précédente.

Équilibrer la balance

L’histoire ne s’arrête pas là. Redoutant certainement qu’on lui reproche de ne s’en prendre qu’à l’opposition, la présidente de l’Assemblée a sanctionné la députée Renaissance Astrid Panyosan-Bouvet, son propre groupe, pour ces paroles :

Nous avons également dû entendre les pourfendeurs d’une préférence nationale nauséabonde et indigne, à contre-courant du principe des assurances sociales basées sur le travail et non sur la nationalité. Décidément, difficile de masquer un ADN xénophobe vieux de 50 ans.

Yaël Braun-Pivet a sorti le carton rouge :

Madame Panosyan, je me vois contrainte de prononcer un rappel à l’ordre parce que vous avez utilisé à la tribune le mot “xénophobe” à l’égard d’un parti politique. Je venais de rappeler qu’il fallait avoir une attitude respectueuse les uns envers les autres.

Cette sanction étonne, jusque dans les rangs de l’opposition. Olivier Faure, le Premier secrétaire du Parti socialiste s’est fendu d’un tweet de protestation. « La présidente de l’Assemblée sanctionne Astrid Panosyan parce qu’elle a qualifié le RN de “xénophobe” ! Mais c’est quoi cette banalisation à marche forcée de l’extrême droite ! »

Sur tous les bancs de l’hémicycle, on commence à trouver que la présidente de l’Assemblée en fait un peu trop. L’Assemblée n’est pas une salle d’audience, fait-on remarquer. Une allusion au passé d’avocate de Yaël Braun-Pivet. Si elle continue à vouloir policer les débats, elle pourrait bien y laisser des plumes.

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